AMRUTA PATIL auteur, illustratrice, peintre

[Axiale]

AMRUTA PATIL

Amruta Patil est une illustratrice indienne qui vit à Goa. Elle obtient un diplôme de L’école du musée des Beaux arts de Boston et publie en 2008 son premier roman graphique Kari. Il raconte l’histoire d’une jeune homosexuelle rebelle travaillant dans le milieu de la publicité. Apres ce premier livre et grâce à son talent, elle obtient une bourse de résidence à Angoulême de janvier 2009 à janvier 2010. Elle se lance alors dans la Réalisation d’une ambitieuse trilogie, adaptation de la mythique épopée indienne du Mahatbharat ( Le plus long poème jamais écrit au monde) retraçant 3000 ans d’histoire indienne. Le premier tome est publié aux éditions du diable vauvert en 2012 et se nomme Parva, l’eveil de l’océan. Avec ses œuvre Amruta Patil est l’une des première femme illustratrice a être reconnue en inde et en occident.




J’ai choisis de vous présenter cette illustratrice d’abord parce qu’elle est indienne, et il me semble que contrairement aux autres cultures occidentales, mis à part l’exception japonaise que l’on s’intéresse trop peu aux artistes asiatiques et à leur grande inventivité. Peut-être parce que venant de sociétés très différentes, nous reconnaissons mal les récits et les images qu’ils proposent. C’est en cela qu’Amruta Patil a une démarche intéressante car elle commence par un livre dont le récit utilise des codes assez proches de nos attentes occidentales pour poursuivre par un second projet fondé sur ce que l’inde a de plus intense et de plus propre : cette immense œuvre comparable à la bible en occident qu’est le Mahatbhart’ en Inde. Cela constitue d’ailleurs la deuxième raison pour laquelle j’ai choisi cet auteur. En Inde chaque enfant grandit baigné dans les adaptation du Mahatbharat sous toutes ces formes : série télévisée, dessin animé, livre illustré, films, pièces de théâtre.... Amruta choisit le point de vue particulier des conteurs perpétuant la tradition orale de transmission des histoires et traite de façon très particulière le rapport texte/image. En effet elle montre toute la subtilité et la profondeur de ce récit par le choix et la composition de ses images parfois à la limite de l’abstraction, avec une grande force d’évocation due à très peu de récurrences entre le texte et l’image. Ces images abstraites qu’elle peint créent dans Prava une véritable ambiance emprunte de permanence de sagesse et spiritualité, ce travail m’a donc beaucoup touché, mais également séduite.
Il faut alors pour expliquer cette séduction parler des choix graphiques et techniques particulièrement sensibles de l’auteur.






Amruta Patil a un dessin très simple et synthétique pourtant ce n’est pas dutout l’impression que donne ses illustrations car elle l’enrichie de textures et/ ou de couleurs créent à partir de médiums aussi variés que la gouache, l’acrylique, le fusain, le feutre ou le collage qu’elle confronte souvent au sein de la même image avec beaucoup de vivacité ce qui contribue à donner un étonnant dynamisme et une belle profondeur à un récit qui de part sa nature mythologique pourrait être long et plombant. Son style très picturale et chargé sert à merveille ses histoires dans un traitement graphique plutôt laché, sans maîtrise absolue, laissant la place au geste et à la couleur.

Dans la première image de son premier livre, Amruta Patil fait une référence directe au tableau de frida Kahlo : Les deux fridas. En effet il commence par une rupture amoureuse et pour exprimer le lien extrêmement fort qui liait pourtant ces deux amantes ainsi que le douleur extrême de cette séparation elle utilise la puissance du tableau de Frida avec les cœurs relié par une veine coupée, que l’artiste mexicaine avait d’ailleurs réalisé peu après son divorce avec Diego Rivera. Amruta partage avec Frida cette façon « symboliste » de représenter une réalité sans être surréaliste ( terme que Frida refusait pour qualifier sa peinture). Mais on peu aussi lui prêter bien d’autres référence comme par exemple Odilon Redon et son travail au fusain ou même ses composition, ou encore Paul Gaugin dans sa période Polynésienne avec D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?. En effet cette recherche d’absolu, ce questionnement fondamental sur l’existence est aussi bien présent dans la Mahatbharat et graphiquement le travail d’Amruta dans son aspect pictural semble inspire de celui de Gauguin. Ce qui pourrait être d’autant plus plausible que D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? est actuellement conserve au Musée des Beaux-Arts de Boston là ou Amruta a étudié le dessin.




Ce que l’on retiendra de cet auteur, c’est la grande générosité et richesse graphique de son travail, et ce retour à la mythologie, cette croyance en les histoires et les contes anciens comme souffle pour notre existence actuelle, mais aussi ces images abstraites contenues dans ses œuvre dans un rapport texte image très sensible et expressif et absorbant, de l’ordre d’une véritable expérience sensorielle et pas seulement de la lecture.

[Elléa]

Je ne connaissais pas du tout, j'ai bien envie de lire Kari du coup!